Lundi 9 Août : Refuge des Sarradets - Gavarnie
(Julien raconte) Réveil plein d’espoir pour ce qui sera de toute façon le dernier jour, mais au moment de sortir la tête de la tente, le programme dépend beaucoup de la météo, ce sera soit casque, tour et pic du Marboré si le temps est correct, soit retour à Gavarnie s’il est pourri… Et là, c’est le drame ! Tout le cirque est dans les nuages, qui s’engouffrent dans la brèche en n’en laissant voir qu’un côté. La déception est terrible pour nous qui rêvions déjà d’exploits et de sommets, mais une fois de plus il nous faut nous plier humblement à la terrible loi de la montagne et renoncer aux ascensions du jour. On plie une dernière fois les tentes, le cœur déjà nostalgique, on fait la photo de la brèche ennuagée histoire de prouver au monde qu’il était déraisonnable de tenter l’aventure, et c’est parti pour la descente vers Gavarnie. Guigui a mal à la cheville, pas de descente flash aujourd’hui. Le chemin vers l’échelle des Sarradets n’est pas très évident, on essaie de se repérer avec les torrents mais il y a plusieurs traces et malgré la TOP25 de Guigui on finit par se paumer. Qu’à cela ne tienne, dans ce genre de situation il reste toujours la bonne vieille méthode « bulldozer » qui nous avait été enseignée par maître Jéjé, notre regretté compagnon de rando qui préfère maintenant les hôtels 4* de Tahiti aux nuits d’orages pleines de dangers de la montagne ! On coupe donc tout droit pour rejoindre le sentier qu’on aperçoit en contre-bas, et ça nous donne l’occasion d’une désescalade périlleuse où il ne vaut mieux pas se louper… La descente se poursuit, joli lever de soleil avec nuages tout roses, on scrute la montagne mais pas de regrets, les sommets sont toujours aussi bouchés. On arrive à la fameuse échelle des Sarradets, en fait pas d’échelle proprement dite mais une bonne descente bien raide dans la caillasse, il ne faut pas se relâcher. D’ailleurs le relâchement, c’est ce qui me coûte une chute bien terrible juste avant d’arriver en bas de la descente, au pied de la cascade… Un petit caillou bien traître qui roule sous ma chaussure, me déséquilibre, le poids du sac fait le reste et hop, je me retrouve en train de dévaler la pente en arrière, la tête la première… Ca fait une drôle d’impression, pendant les quelques secondes que dure la chute j’ai le temps de me rendre compte de ce qui m’arrive et de me dire : oh merdouille, là je sais pas trop comment ça va finir… Finalement je tombe sur le côté et je m’en tire avec quelques petits bobos aux bras et aux coudes, mais rien de méchant. Je reste quand même quelques minutes avec les jambes toutes chancelantes et tremblantes, ça fait des émotions ! Comme quoi, même proche du but, faut toujours se méfier, la montagne sait parfois se montrer particulièrement fourbe ! Heureusement elle m’a laissé une chance, ça aurait été quand même pitoyable, moi qui rêvais d’une belle mort foudroyé en pleine tempête au sommet d’une montagne mythique… Dernière descente de mémé jusqu’à Gavarnie, on croise un couple tout frais et bien propret, fraîchement douché, rasé et parfumé du matin, qui attaque la montée… bonne chance ! Retour à la civilisation, voitures, magasins… Arrêt pipi-remplissage de bouteilles-réparage de bobos à la fontaine de Gavarnie, puis on va attendre le bus qui doit nous ramener à Lourdes. La météo pour les jours à venir est affichée, et c’est bof-bof, pas vraiment d’amélioration avant plusieurs jours. Ecriture de quelques cartes pour les dulcinées respectives et on appelle Alexis pour lui annoncer notre squattage imprévu chez lui le soir même (on a 2 jours d’avance sur le programme, une petite virée à Bordeaux pour nous refaire une santé genre plage-resto-DVD nous tente bien…) En fait Alexis est à Dax chez son cousin et a l’air un peu emmerdé de devoir revenir pour accueillir 3 malpropres qui puent après 8 jours de marche… Mais Alexis est un super randonneur, il sait ce que c’est et, solidarité oblige, il fait lui aussi son héro en revenant illico chez lui pour nous offrir le gîte. Train pour Bordeaux, et on se fait le programme prévu, avec notamment un arrêt au restau « L’entrecôte », passage obligé du randonneur à l’estomac vide qui croit qu’il a faim mais attention, on est très vite calmé de ses ardeurs par le service « in your face » des serveuses qui balancent les plâtrées de frites à la volée, jusqu’à ce que mort s’ensuive !
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